Le photographe américain William Klein, qui s'était imposé dans la photographie de mode et urbaine, est décédé samedi soir à Paris à l'âge de 96 ans, a annoncé lundi dans un communiqué son fils, Pierre Klein.
Le photographe américain William Klein, qui s'était imposé dans la photographie de mode et urbaine, est décédé samedi soir à Paris à l'âge de 96 ans, a annoncé lundi dans un communiqué son fils, Pierre Klein.
L'Américain William Klein, qui a révolutionné la photographie de rue et la photographie de mode, mais aussi réalisateur de films, peintre et graphiste, est mort lundi 12 septembre à l'âge de 96 ans à Paris, où il vivait depuis 1947.
Fils d'immigrés juifs hongrois, William Klein est né le 19 avril 1928 à New York et grandit aux portes de Harlem. Il veut être peintre et déjà il rêve de Paris, "de croiser Hemingway au Ritz et Giacometti à la Coupole", confiait-il à Libération le 16 avril 2002. Il découvre l'Europe pendant son service militaire, où il fait partie des troupes d'occupation en Allemagne après la guerre. A l'armée, il s'achète un Rolleiflex en gagnant au poker. Grâce à une bourse d'études, il arrive à Paris en 1947, s'intéresse à la peinture abstraite et fréquente l'atelier de Fernand Léger.
William Klein est invité en 1953 à réaliser des peintures abstraites pour décorer les couloirs du Piccolo Teatro de Milan. Ses peintures lui inspirent des photographies abstraites mais il ne pense pas encore faire de la photographie son métier. C'est en 1954, quand il retourne à New York que sa vie bascule. Alexander Libermann, le directeur artistique de Vogue, aime ses photos et l'embauche pour faire de la photographie de mode.
"La mode m'a donné des moyens extraordinaires : des flashs multiples, des décors, des assistants... J'ai pu essayer de nouvelles techniques, dont je me servais ensuite pour mon travail personnel. La mode, pourtant, ne m'intéressait pas. Et les couturiers, encore moins", disait-il à Télérama le 23 septembre 2011. Cependant, il a révolutionné la photographie de mode en faisant sortir les mannequins dans la rue, les mêlant aux passants, faisant jouer leurs silhouettes avec le graphisme de la ville.
Parallèlement, il poursuit un projet personnel de "journal" photographique dans les rues de New York. "J'ai toujours détesté la photo pictorialiste, la brume, les effets de draperie, les mises en scène à la con. Je n'étais pas plus convaincu par la photo sentimentale, humaniste, nostalgique et propre, qui dominait au début des années 1950. Je voulais bousculer tout ça. Il fallait me tenir le plus loin possible de la photo d'art", racontait-il au Monde le 5 mai 2002.
Dans les rues de New York, William Klein s'approche au maximum des gens qu'il saisit au grand-angle, déformant ses sujets, avec des effets de bougé. Au tirage, il force le grain, les contrastes. Ses cadrages audacieux expriment toute l'énergie d'une ville tumultueuse, chaotique, en mouvement sur laquelle il porte un regard nouveau. Ce travail n'intéresse pas les Américains. C'est à Paris qu'est publiée la première édition de New York (ou Life is Good & Good for You in New York : Trance Witness Revels), au Seuil, grâce au soutien du réalisateur, écrivain et photographe Chris Marker. Ce livre qui va devenir un monument de l'histoire de la photographie paraît ensuite au Royaume-Uni, en Italie, et au Japon. Il lui vaut le prix Nadar en 1957.
William Klein travaillera ensuite dans les rues de Rome (1958), Moscou (1964), Tokyo (1964), mais c'est son ouvrage sur New York qui a marqué l'histoire. Bien plus tard, en 2002, il consacre un livre (Paris + Klein, Marval) et une exposition à Paris, la ville dont il a rêvé adolescent, qu'il a adoptée, qu'il voit "multiethnique et colorée" et en couleur (Le Monde, 5 mai 2002). "Ma photographie est proche du bordel de la rue, elle part dans tous les sens. Il n'y a que dans une manif' que je peux réunir tant de "gueules", multiplier les combinaisons et organiser ce chaos", dit-il alors.William Klein a aussi réalisé de nombreux films publicitaires ainsi qu'une vingtaine de films, courts, moyens et longs métrages. Dans le premier, Broadway By Light (1958), il joue, en couleur, avec les lumières et les enseignes de Times Square à New York. Le plus célèbre restera sans doute Qui êtes-vous Polly Maggoo (1967), une satire du monde de la mode et de la société du spectacle. Il a aussi consacré un film à Muhammad Ali, grand champion de boxe et militant de la cause noire, qui a refusé d'aller combattre au Vietnam et qu'il a suivi pendant dix ans. Un autre au militant noir Eldridge Cleaver (Eldridge Cleaver Black Panther, 1969), ou encore un à la légende du rock Little Richard (The Little Richard Story, 1980).
Remise du Prix Jean Vigo 1967 pour "Qui êtes-vous Polly Maggoo"
William Klein a eu de nombreuses expositions personnelles dans des institutions prestigieuses du monde entier, au Centre Pompidou (1983, 2005), au MoMA de New York (1980), au Musée de l'Elysée à Lausanne (1988), au Museum of Modern Art de San Francisco (1995), aux Rencontres d'Arles (1978, 1982, 2016), à la Tate Modern à Londres (2012)...
A partir de la fin des années 1980, il mêle peinture et photographie en réalisant des "contacts peints" : des fragments de planches-contact agrandis qu'il orne de traits de peinture de couleurs vives, jaune, rouge, bleu.
En 1989, il est à l’origine de l’idée de la série Contacts sur Arte, de courtes émissions de treize minutes où des photographes sont invités à parler de leurs travaux à partir de leurs planches-contact, leur tirages ou leurs diapositives.
William Klein a eu de nombreuses expositions personnelles dans des institutions prestigieuses du monde entier, au Centre Pompidou (1983, 2005), au MoMA de New York (1980), au Musée de l'Elysée à Lausanne (1988), au Museum of Modern Art de San Francisco (1995), aux Rencontres d'Arles (1978, 1982, 2016), à la Tate Modern à Londres (2012)...