Disparition de Laurent Cantet

La mort de Laurent Cantet, cinéaste humaniste qui tissait avec subtilité préoccupation sociale et enjeu romanesque

Palme d’or à Cannes en 2008 avec « Entre les murs », le réalisateur s’était aussi distingué en faisant de l’entreprise un objet cinématographique avec « Ressources humaines » en 2000. Il est mort jeudi 25 avril à l’âge de 63 ans.

Par Jacques Mandelbaum

Le réalisateur Laurent Cantet et la Palme d’or qu’il a reçue pour son film « Entre les murs », lors de la cérémonie de clôture du 61ᵉ Festival international du film de Cannes, le 25 mai 2008.
Le réalisateur Laurent Cantet et la Palme d’or qu’il a reçue pour son film « Entre les murs », lors de la cérémonie de clôture du 61ᵉ Festival international du film de Cannes, le 25 mai 2008. FRED DUFOUR / AFP

Il appartenait à cette génération prolifique qui avait ressuscité le cinéma d’auteur français à compter des années 1990. Apparu plus tardivement que ses pairs – Eric Rochant (Un monde sans pitié, 1989), Patricia Mazuy (Peaux de vache, 1989), Xavier Beauvois (Nord, 1991), Cédric Kahn (Bar des rails, 1991), Arnaud Desplechin (La Sentinelle, 1992) ou Pascale Ferran (Petits Arrangements avec les morts, 1994) –, Laurent Cantet nous quitte bien plus tôt qu’eux. Le cinéaste, Palme d’or 2008 avec Entre les murs, est mort jeudi 25 avril, après une longue lutte contre la maladie qui aura fini par l’emporter, à l’âge de 63 ans.

Né en 1961 à Melle dans les Deux-Sèvres, ce fils d’instituteur était entré à l’Idhec (la grande école de cinéma, ancêtre de la Fémis) en 1984, où il se lia d’amitié notamment avec Dominik Moll et Gilles Marchand. Il conservera toujours de ses origines sociales un humanisme et une tenue morale qui ne courent pas les rues du show-business. La transmission, la réflexion, l’intelligence des choses, toutes choses qui sont le fer de lance de l’école, étaient également pour lui des vertus cinématographiques. Dans le sillage des frères Dardenne, inventeurs de cette grande forme contemporaine, il avait trouvé, tardivement mais sans plus la quitter, sa manière artistique dans un subtil mélange entre préoccupation sociale et enjeu romanesque. Tous à la manif, son premier court-métrage réalisé en 1994, en annonçait en quelque sorte le programme.