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Jean VIGO est né le 24 avril 1905 à Paris. Ilest le fils d’Emily Cléro et de Eugène Bonaventure Vigo, dit Miguel Almereyda, tous deux militants anarchistes et collaborateurs de 'hebdomadaire Le Libertaire, journal antimilitariste, pro Dreyfus et révolutionnaire. Directeur des journaux La Guerre sociale et Le Bonnet rouge, Almereyda reste acquis aux idées pacifistes après avoir mesuré les horreurs de la guerre. Arrêté en 1917 et incarcéré à la prison de Fresnes, ilest retrouvé mort, étranglé avec son lacet de chaussure dans des circonstances troubles. Âge' de 12 ans, Jean VIGO doit être scolarisé sous un nom d’emprunt. Ilest pris en charge par son grand-père par alliance Gabriel Aubès, photographe à Montpellier, qui l’initie aux images. À partir de 1932, ilest proche du Parti communiste et ildevient membre de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR). Tuberculeux, ilmeurt de septicémie en 1934 à l’âge de vingt-neuf ans à Paris. Ilest enterré au cimetière parisien de Bagneux.
Jean VIGO est principalement connu pour deux films, Zéro de conduite (1933), interdit par la Censure dès sa sortie
et qui ne sera rendu visible qu'en 1946, et L'Atalante (1934) qui lui sera, mutilé et débaptisé par le distributeur, Gaumont- Franco-Film-Aubert, sous le titre Le Chaland qui passe et opportunément doté d’une chanson éponyme alors très populaire. En 1929, ilest l’auteur, avec Boris Kaufman, de À propos de Nice, film muet, suivi en 1931 de Taris, roi de l’eau, poème « visuel, aquatique et musical », consacré au grand champion français de natation, Jean Taris.
Puis viennent Zéro de conduite et L’Atalante qui ne sortira dans sa version originelle qu’en 1940. Jean VIGO a par ailleurs écrit quelques scripts pour des projets de films non réalisés :Le Tennis, Anneaux, La Camargue, le Métro, Lourdes,
Au café, Lignes de la main, Chauvinisme et surtout Le Cœur volé d’après un scénario de Philippe Soupault.
Victime de la censure de son vivant, Jean VIGO a été découvert après la guerre grâce aux ciné-clubs, à Henri Langlois, à la Nouvelle Vague et à son premier biographe Paulo Emilio Salles Gomes
(lointain parent et créateur de la Cinémathèque de Sao Paulo).
Filmographie :
1930 :À propos de Nice
1931 :La Natation par Jean Taris ou Taris, roi de l’eau 1933 :Zéro de conduite
1934: L’Atalante
Voici ce qu’il écrivait le 14 juin 1931
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« Il ne s'agit pas aujourd'hui de révéler le cinéma social, pas plus que de l'étouffer en une formule, mais de s'efforcer d'éveiller en vous le besoin latent de voir plus souvent de bons films (que nos faiseurs de films me pardonnent ce pléonasme) traitant de la société et de ses rapports avec les individus et les choses. Car voyez-vous, le cinéma souffre davantage d'un vice de pensée que d'une absence totale de pensée....
...Mais je désirerais vous entretenir d'un cinéma social plus défini, et dont je suis plus près : du documentaire social ou plus exactement du point de vue documenté. Dans ce domaine à prospecter, j'affirme que l'appareil de prise de vues est roi...
Je ne sais si le résultat sera une oeuvre d'art, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'il sera du cinéma. Du cinéma, en ce sens qu'aucun art, aucune science ne peut remplir son office...
...Et le but sera atteint si l'on parvient à révéler la raison cachée d'un geste, à extraire d'une personne banale et de hasard, sa beauté intérieure ou sa caricature, si l'on parvient à révéler l'esprit d'une collectivité d'après une de ses manifestations purement physiques.
Et cela avec une force telle, que désormais le monde qu'autrefois nous côtoyions avec indifférence, s'offre à nous malgré lui au delà de ses apparences. Ce documentaire social devra nous dessiller les yeux.
A PROPOS DE NICE n'est qu'un modeste brouillon pour un tel cinéma. Dans ce film, par le truchement d'une ville dont les manifestations sont significatives, on assiste au procès d'un certain monde. En effet, sitôt indiqués, l'atmosphère de Nice et l'esprit de la vie que l'on mène là-bas - et ailleurs hélas ! - le film tend à la généralisation de grossières réjouissances placées sous le signe du grotesque, de la chair et de la mort, et qui sont les derniers soubresauts d'une société qui s'oublie jusqu'à vous donner la nausée et vous faire le complice d'une solution révolutionnaire. » Jean VIGO
Parmi les premiers spectateurs se trouve François Truffaut qui dit lui devoir son regard.
« J'ai eu le bonheur de découvrir les films de Jean Vigo en une seule séance, un samedi après-midi de 1946, au Sèvres-Pathé, grâce au Ciné-club de la chambre noire animé par André Bazin... J'ignorais en entrant dans la salle jusqu'au nom de Jean Vigo mais je fus pris aussitôt d'une admiration éperdue pour cette oeuvre dont la totalité n'atteint pas deux cents minutes de projection ». François Truffaut
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